Les temps ont changé, le tourisme aussi. Et ce qui était rentable et passionnant hier ne l’est pas forcément aujourd’hui. En tourisme, on ne doit guère cesser d’innover et de dénicher les meilleures opportunités.
La Presse — Le rideau est, enfin, tombé sur la 1ère édition du Salon international du tourisme saharien et oasien (Issot), qui s’est déroulée, du 3 au 5 de ce mois, à Tozeur, un des joyaux du Sud tunisien dont le désert accapare, à lui seul, un quart de la superficie du pays. Soit un gisement écologique très important, offrant divers atouts touristiques en mesure de faire vendre la région et améliorer le vécu de ses habitants.
Le tourisme continu
Trois jours durant, tour-opérateurs, hôteliers, restaurateurs, professionnels du secteur, responsables locaux et régionaux, ainsi que des ONG spécialisées, ont été invités à ce grand débat sur le tourisme saharien, un secteur porteur et fort prisé. Ainsi, cette région, qui se démarque par un tel potentiel riche en écosystème naturel et oasien, retient encore son souffle, attendant que ses acquis et ses richesses soient judicieusement exploités. Et que ce secteur soit également convoité par des investisseurs bien engagés.
Sur ce plan, l’on beaucoup misé sur la promotion du sud tunisien, en tant que destination touristique de choix. Et c’est le moment où cette partie de la Tunisie a droit de cité, sollicitant qu’on lui porte une attention toute particulière en investissant dans le tourisme saharien pour créer des postes d’emploi et participer au développement de toute la région. Et ce n’est pas fortuit si l’on parle aujourd’hui de tourisme durable et responsable. D’ailleurs, le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya, l’avait évoqué à l’ouverture de la manifestation, prônant un tourisme continu. Parce qu’il est devenu de plus en plus évident que le modèle traditionnel du tourisme n’est pas viable à long terme. L’épuisement des ressources, la pollution, la dégradation des cultures locales et la perte de la biodiversité ont montré la nécessité urgente d’adopter un tourisme durable.
Des résultats positifs, mais..
Les temps ont changé, le tourisme aussi. Et ce qui était rentable et passionnant hier ne l’est pas forcément aujourd’hui. D’où il importe de s‘adapter aux caprices des tendances et des goûts. Autant dire, nous devons diversifier nos offres et nos produits. En tourisme, on ne doit guère cesser d’innover et de dénicher les meilleures opportunités. «Surtout que Tozeur avait trop perdu de son éclat et dévié des circuits touristiques habituels», estime le président du comité d’organisation de l’Issot, Abdelfattah Milk.
Pourtant, d’après un responsable de l’Ontt, beaucoup d’efforts ont été consentis, dans le cadre d’une stratégie globale de promotion, faisant du tourisme saharien et oasien un secteur d’attractivité durable.
Et ce, dans le but de stimuler l’esprit d’entrepreneuriat et d’encourager la création de projets touristiques viables en vue de repositionner la région du sud comme destination touristique de choix. Chiffres de l’Ontt à l’appui, ce secteur a déjà réalisé des résultats positifs : «Ses indicateurs de développement ont atteint, jusqu’au 24 octobre 2024, une évolution de 6,8% à Tozeur et 9, 2 à Gabès, et ce par rapport à la même période de l’année dernière. Outre les marchés classiques (français, britannique, allemand…), le nombre des touristes chinois a augmenté de 630% à Tozeur et de plus de 450% à Kébili». Cela dénote, aux dires de M. Mlik, l’intérêt que revêt cette destination du sud tunisien.
Et si l’on repoussait la date de l’Issot !
Et pour cause. La tenue de cette 1ère édition de l’Issot vient également répondre à l’appel des habitants du désert qui ont tant rêvé de jours meilleurs. «L’objectif est de redonner à Tozeur et à la région du Djerid leur majesté, en les remettant dans le circuit touristique saharien et oasien», lance Ahmed Bettaieb, président de la Ftav, insistant sur le partenariat public-privé, ainsi que le rôle de la femme entrepreneure dans la transformation du tourisme saharien et oasien, en harmonie avec les Objectifs de développement durable (ODD).
Certes, ce salon coïncide avec la basse saison dans la région, mais il ne manquera pas de lui faire une bonne promotion.
Cependant, pareil évènement aurait dû se tenir, bien avant, au début de l’automne ou à mi-printemps, période où notre sud a, plus que jamais, besoin d’un regain d’activité et d’une nouvelle dynamique touristique. Il est utile de rappeler que deux grands festivals internationaux sont simultanément organisés, chaque année au cours de ce mois, au Sud tunisien, dont l’un est dédié aux oasis de Tozeur, l’autre au Sahara de Douz, à Kébili.
D’où, il convient de repousser la date de l’Issot pour gratifier le secteur d’un nouveau rendez-vous évènementiel. Car, au Sud tunisien, l’hiver est toujours synonyme d’une bouffée d’oxygène touristique, marqué notamment par un climat modéré favorable à des randonnées et au dépaysements en pleine nature. Vendre le sud tunisien, cela se fait autrement !